Toutes les langues

 

Démarche d’alliance entre catholiques et orthodoxes russes

2010-08-27 09:15

Lundi 23 août, face à un parterre de 11 000 personnes, la rencontre entre le cardinal Erdö, qui est aussi président du Conseil des Conférences Episcopales d'Europe (CCEE) et le métropolite Philarète de Minsk et de Slutsk représente un événement qui a été qualifié d'« historique ».

En effet, on n'a pas mémoire, ces derniers temps, d'une rencontre à ce niveau entre des responsables de l'Eglise catholique et ceux de l'Eglise orthodoxe russe, les deux communautés chrétiennes les plus grandes et les plus influentes d'Europe.

Les prises de position des catholiques et orthodoxes russes sur les questions sensibles qui concernent l'Europe sont toujours plus étroites, comme la présence du crucifix dans les lieux publics, la reconnaissance des racines chrétiennes, la défense de la vie et de la famille naturelle, l'enseignement de la religion, la liberté religieuse. Suite à ces bonnes relations, la nonciature apostolique a été ouverte récemment à Moscou, et l'on parle de plus en plus d'une rencontre entre Benoît XVI et le patriarche de Moscou, Kirill Ier.

A ce propos, le métropolite Philarète a affirmé que « les temps sont mûrs pour une rencontre entre le pape et le patriarche. En 2011, elle pourrait être possible, je n'y vois pas d'obstacle de principe ». 

«Avec l'Eglise catholique - a ajouté Philarète - nous sommes depuis longtemps en dialogue, parfois avec élan, d'autres fois avec des chutes de tension.

Actuellement, nous sommes à un moment de stabilité, mais des deux côtés nous sommes ouverts au dialogue. Je souhaite que cette atmosphère continue ». Concernant les relations avec les orthodoxes, le cardinal Erdö a affirmé : «l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe sont dogmatiquement si proches que cela me fait mal, personnellement, que la communion ne soit pas pleine et complète ».

Le président du CCEE et le métropolite se sont rencontrés au Meeting de Rimini pour débattre sur le thème « Un homme cultivé, un Européen de nos jours, peut-il croire, croire vraiment à la divinité du fils de Dieu, Jésus-Christ ? ».

Le thème a été repris du roman 'Les démons' de Fedor Dostoïevski et rappelle une interrogation des élites d'Europe dans les années 1870. Interrogations aujourd'hui très actuelles. L'exarque Philarète a expliqué que « l'Europe a complètement changé, l'homme européen a changé jusqu'à en être méconnaissable. Si bien que l'interrogation est toujours la même ».

Le métropolite a révélé les doutes qui habitent les européens d'aujourd'hui, et il a indiqué, pour les dépasser, le travail d'une « conscience vive, qui n'accuse pas, mais brûle le mensonge qui touche le coeur et démasque le péché qui assiège l'âme ».

Pour vaincre ce défi, le métropolite Philarète a rappelé la parabole où Jésus sauve le jeune sourd-muet et possédé, précisant que « tout est possible à celui qui croit » et soulignant la réaction du père du garçon qui s'exclame « Je crois, Seigneur ! Viens en aide à mon incrédulité ».

Philarète a conclu en affirmant que « nous devons demander afin que le Seigneur aide notre foi parce que tout est possible à celui qui croit ». Le cardinal Erdö a révélé les contradictions des intellectuels européens contemporains, surtout en ce qui concerne l'existence de Dieu.

D'une part - a expliqué le primat de Hongrie - l'athéisme, ou « le fameux matérialisme historique et dialectique du marxisme traditionnel » ne semblent plus attractifs tandis que « des attitudes plus ou moins panthéistes » semblent revenir à la mode.

Et pourtant, « l'héritage judéo-chrétien et gréco-romain est enraciné dans l'identité culturelle européenne, et le christianisme est l'élément le plus lié à la vision du monde ». « Si l'homme d'aujourd'hui se pose sérieusement la question de l'existence de Dieu, absolu, transcendant et personnel, il doit aussi enquêter sur la possibilité de la communication entre Dieu et l'homme advenue en Jésus Christ ».

Se référant aux études publiées par Benoît XVI et le cardinal allemand Alois Grillmeier, le primat de Hongrie a soutenu que « le Christ de la foi et le Jésus historique sont la même personne et que la raison de la foi dans le Christ comme Fils de Dieu, comme vrai homme et vrai Dieu provient, en fin de compte, de l'auto compréhension de Jésus Christ ».

«Un seul est Dieu et un seul est aussi le médiateur entre Dieu et les hommes : l'homme Jésus Christ », a souligné le cardinal Erdö, et c'est pourquoi « nous devons être messagers et missionnaires de la nouvelle évangélisation de l'Europe. Nous devons être unis avec nos autres frères chrétiens pour que l'unité puisse renforcer notre témoignage ».

Antonio Gaspari

ZENIT, le monde vu de Rome
Agence d'information